Portrait montréalais des besoins de la population et du milieu communautaire : Une équation à revoir !

28 novembre 2013. – Grâce à une recherche réalisée avec l’appui de l’Agence de la Santé et des Services sociaux de Montréal, les regroupements d’organismes communautaires démontrent que la région ne dispose pas des ressources nécessaires pour répondre adéquatement aux besoins de sa population.

Lancé officiellement jeudi soir (28 novembre 2013) devant plus de 150 personnes, le « Portrait montréalais des besoins de la population et du milieu communautaire : une équation à revoir ! » met en lumière une autre facette de la réalité montréalaise qui a été quelque peu oubliée dans les médias. Fort des réponses de près de 300 organismes communautaires, de rencontres de discussions avec 111 personnes du milieu communautaire et de 11 des 12 Centres de Santé et de Services sociaux (CSSS) de Montréal ainsi qu’une recension des données existantes, la démonstration utilise des approches scientifiques pour étayer ses analyses de la situation.

Montréal compte pour 24,5 % de la population du Québec et elle abrite près de 30 % et plus de l’ensemble du Québec des familles monoparentales, des personnes en chômage, des personnes vivant seules, des personnes à faible revenu après impôts et des personnes prestataires de la sécurité du revenu. Sur l’île de Montréal vivent 56 % des ménages du Québec qui paient plus de 30 % de leur revenu pour le logement et près de 66 % de toutes les personnes immigrantes. Bref, c’est à Montréal que vit la plus grande concentration de gens susceptibles de vivre des problèmes sociaux et de santé… sans compter les nombreuses personnes qui vivent dans la périphérie immédiate et qui viennent sur l’île à la recherche de ressources.

Sur le terrain, autant les employéEs des CSSS que les organismes communautaires rencontrés lors des groupes de discussion confirment que les personnes démunies vivent des situations difficiles, de plus en plus complexes et lourdes. Les organismes communautaires ont noté une hausse des demandes d’aide auxquelles ils ont cherché à répondre. Malheureusement, ils constatent que leurs moyens limités les obligent de plus en plus souvent à répondre aux urgences, à pallier à certaines difficultés majeures tout en laissant de côté d’autres problèmes ce qui les éloigne de plus en plus souvent de leur mission d’organisme (par exemple : prévention, promotion, sensibilisation, éducation, autonomisation, intervention spécifique, alphabétisation, relation d’aide, réseautage de relations sociales, etc.).

Les organismes constatent que les sources de financement les obligent à créer des projets spécifiques, à court terme, les éloignant parfois de leur créneau habituel et qui demandent dans la plupart des cas beaucoup de temps de gestion pour la reddition de comptes. La moitié des organismes doivent recourir à au moins six sources de financement. Une augmentation du financement à la mission PSOC devient donc urgente dans ce contexte. Cette source représente la moitié des revenus et plus pour 43 % des organismes montréalais. Une hausse de ces subventions devient donc un levier important pour améliorer rapidement la situation. Le Portrait montre que le financement du ministère de la Santé et des Services sociaux est proportionnel au pourcentage de population… et non aux besoins.

Afin de soutenir le dynamisme du réseau communautaire et redonner aux organismes des moyens d’agir plus rapidement, ou de simplement répondre aux nouveaux besoins de la population, les regroupements d’organismes communautaires recommandent que les méthodes d’évaluation des besoins du milieu communautaire en soutien à la mission soient revus pour tenir compte de caractéristiques de la région, comme l’immigration, l’itinérance ou la pauvreté.

Selon les données recueillies, actuellement le milieu communautaire montréalais affirme qu’une augmentation globale d’environ 30 % de ses budgets (toutes sources confondues) lui permettrait de nettement mieux répondre aux demandes et besoins de la population, ce qui représente une augmentation de l’ordre de 88 M$. En conservant une marge de manœuvre annuelle dédiée au soutien à de nouvelles initiatives, le milieu communautaire croit que Montréal aurait enfin collectivement les moyens de répondre aux nouvelles situations de nos populations vulnérables, car l’île sera dotée d’organisations qui pourront évoluer rapidement selon les besoins émergents.

Plus globalement, le milieu communautaire se perçoit comme un des éléments de solution. D’ailleurs lors des groupes de discussion, les personnes du milieu communautaire ont proposé de travailler sur les solutions à la source des difficultés rencontrées par les personnes rejointes (causes ou déterminants) comme le logement, le revenu, les soins de santé, ce qui constitue en fait le filet social… Elles recommandent donc de prendre des mesures systémiques de lutte à la pauvreté, comme l’augmentation de l’aide sociale, du salaire minimum, et l’accès à du logement social. Les personnes participantes des CSSS ont elles aussi souligné que tous les individus évoluent dans un contexte qui va déterminer grandement leur état de santé et de bien-être. Il faudrait donc adapter les approches et les politiques en misant davantage sur la création de milieux de vie favorables à la santé… là où plusieurs organismes communautaires et des ressources publiques de proximité peuvent faire la différence !

Vous pouvez retrouver les documents intégraux sur le site Internet du RACOR en santé mentale (www.racorsm.org) en bas de la page suivante :

http://racorsm.org/besoins-de-la-populationportrait-du-milieu-communautaire

Documentation :

Serge Chevalier, Daniel Latulippe et Julie Nicolas. Portrait montréalais des besoins de la population et du milieu communautaire : une équation à revoir ! Réseau Alternatif et Communautaire des ORganismes en santé mentale de l’île de Montréal (RACOR en santé mentale) et Collectif, Montréal, 2013.

Deux autres documents complémentaires

Chevalier S. et D. Latulippe (2013). Portrait montréalais des besoins de la population et du milieu communautaire : Résultats quantitatifs complets. RACOR en santé mentale et Collectif, Montréal.

Nicolas J. (2013). Portrait montréalais des besoins de la population et du milieu communautaire : On en parle ! RACOR en santé mentale et Collectif, Montréal.

Les regroupements d’organismes communautaires sont collectivement éditeurs des documents :

Coalition pour le maintien dans la communauté (COMACO)

La coalition regroupe près de 80 organismes communautaires pour personnes ainées qui impliqués dans le maintien dans la communauté.

Comité régional des associations pour la déficience intellectuelle (CRADI)

Le comité montréalais regroupe 25 organismes engagés dans la défense des droits et la promotion des intérêts des personnes vivant avec une déficience intellectuelle, l'autisme ou un trouble envahissant du développement ainsi que leur famille.

Regroupement intersectoriel des organismes communautaires de Montréal (RIOCM)

Le Regroupement intersectoriel des organismes communautaires de Montréal réunit 260 organismes communautaires œuvrant en santé et services sociaux de la région métropolitaine.

Regroupement des organismes de promotion du Montréal métropolitain (ROPMM)

Un regroupement montréalais d’une trentaine (± 30) d’organismes engagés dans la promotion des intérêts et la défense des droits des personnes ayant une déficience motrice, visuelle, auditive, du langage et de la parole et/ou organique, de leur famille et de leurs proches.

Réseau Alternatif et Communautaire des ORganismes en santé mentale de l'île de Montréal (RACOR en santé mentale)

Présent depuis 1985, le Réseau Alternatif et Communautaire des ORganismes en santé mentale de l'île de Montréal a pour mission de regrouper, soutenir, outiller et représenter 91 organismes communautaires et alternatifs de l’Île de Montréal œuvrant en santé mentale. Cet organisme a été mandaté pour coordonner les travaux menant à l’édition actuelle.

Réseau d'action des femmes en santé et services sociaux (RAFSSS)

Les membres du RAFSSS sont au nombre de 48 et sont regroupés au sein de cinq tables et regroupements.

Réseau d'aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM)

Le RAPSIM regroupe plus de 90 organismes intervenant directement et indirectement auprès des personnes en situation d'itinérance et à risque à Montréal.