ÉVALUATION DE L'IMPLANTATION DU PLAN D'ACTION EN SANTÉ MENTALE 2005-2010 « La force des liens »

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Cet article a été modifié le 4 février 2013, car le ministère vient de publier officiellement le rapport « Évaluation de l’implantation du Plan d’action en santé mentale 2005-2010 La force des liens » daté d'août 2012 préparé par la Direction de l’évaluation et la Direction de la santé mentale du Ministère de la Santé et des Services sociaux. À première vue, sauf pour la mise en page, le contenu du document ne semble pas différer de ce que nous avions déjà publié.

Dans le communiqué de presse, après quelques éléments positifs on peut lire ceci « Parallèllement, le rapport souligne que des améliorations notables nécessitent d’être mises en place. On évoque notamment l'existence de disparités dans l'implantation du plan d'action, non seulement entre les régions mais également à l'intérieur de ces dernières. Il en est ainsi entre autres pour les équipes de suivi intensif et d'intensité variable auprès des personnes présentant des problèmes graves. Le rapport relève également que des progrès doivent être réalisés dans la coordination des services entre les médecins de famille, les intervenants en santé mentale et les services spécialisés. Enfin, l'insertion socioprofessionnelle des personnes présentant des problèmes de santé mentale doit être améliorée. »

Le ministre Réjean Hébert y va aussi d'une déclaration « Pour notre gouvernement, la santé mentale est un axe prioritaire d’intervention. C’est un domaine de la santé qui est trop souvent négligé, alors que les implications sont pourtant majeures pour les personnes souffrant d’un trouble mental, leur entourage familial, amical ou professionnel ainsi que pour l’ensemble de la société québécoise. Ce rapport d’évaluation du plan d’action 2005-2010 nous permettra d’approfondir significativement la réflexion qui mènera à la mise en place du nouveau plan d’action en santé mentale »

Rappelons qu'il y a eu une démarche de consultation régionale réalisée entre le mois de mars 2010 et le mois de mai 2010 qui s'est déroulée dans la plupart des régions du Québec sous la forme d'une rencontre d'une journée organisée par l'Agence locale. Le matin les responsables régionaux et leurs partenaires du réseau de la santé et des services sociaux ont rencontré les représentants du ministère. Dans l'après-midi, l’ensemble des partenaires régionaux a été consulté. Au total, quarante-deux rencontres de groupe ont été effectuées. Le RACOR et plusieurs autres organismes communautaires en santé mentale ont participé à la démarche pour la région de Montréal. Le RACOR avait aussi consulté ces membres au préalable et a déposé un document que vous pouvez relire. D'autres régions ont aussi publié leur bilan local.

Dans le cadre de la démarche, des consultations de représentants des instances nationales se sont aussi tenues au mois de novembre 2010. Ces consultations ont été menées auprès des représentants des organismes communautaires nationaux, des usagers, des familles et des proches, des partenaires du réseau gouvernemental, des ordres et associations professionnels et des regroupements de chercheurs en santé mentale.

Comme vous pourrez le lire, l'implantation du Plan d’action en santé mentale (PASM) est loin d'être terminée. L'évolution est inégale selon les régions. Certains points du PASM n'ont presque pas fait l'objet de travaux. Ce qui ne surprendra pas la majorité des gens qui oeuvrent dans le milieu de la santé mentale c'est que « les résultats des consultations ont montré l’existence de disparités dans l’implantation du PASM, non seulement entre les régions, mais également à l’intérieur de ces dernières. Ces disparités correspondent à la variabilité des besoins exprimés au sein des régions, ainsi qu’aux disparités d’investissement financier. » Le document présente aussi des éléments positifs comme ceci : « Nous avons aussi constaté que les grands principes directeurs énoncés dans le Plan d’action en santé mentale 2005-2010 continuent de recevoir l’assentiment des interlocuteurs rencontrés que ce soit par rapport au pouvoir d’agir des utilisateurs de services, au rétablissement de la personne, à l’accessibilité et à la continuité des services, au partenariat et à l’efficience des ressources en santé mentale. »

Recommandations
Peut-être l'élément qui retiendra le plus votre attention : les pistes de recommandations que le document suggère de considérer lors de l’élaboration d'un futur Plan d’action en santé mentale.

« Poursuivre les campagnes d’information compte tenu des retombées positives afin de réduire la stigmatisation et la discrimination entourant la maladie mentale;
Promouvoir au cours des prochaines années la présence du psychiatre répondant dans la cadre de l’entente convenue entre la FMSQ et le MSSS concernant le médecin spécialiste répondant en psychiatrie (MSRP);
Finaliser la mise en place d’équipes de santé mentale première ligne dans les CSSS afin de mieux répondre aux besoins des personnes présentant des troubles modérés;
Prioriser le rétablissement des personnes, l’implication des utilisateurs de services et celle des familles;
Assurer la transition entre les services aux jeunes et leur passage à l’âge adulte;
Intensifier les services aux personnes présentant des troubles concomitants multiples;
Arrimer les équipes de première ligne en santé mentale avec les médecins de familles;
Inscrire la promotion et la prévention de la maladie mentale afin de travailler en amont des manifestations de la maladie;
Soutenir la continuité du changement en assurant la formation des intervenants du réseau de la santé;
Dans le cadre du nouveau processus d’évaluation de la performance mis en place par le MSSS, définir des mesures spécifiques dans le secteur de la santé mentale permettant de donner suite au cadre ministériel d’évaluation de la performance du système public de santé et de services sociaux.

Pour l’instant, ces suggestions se limitent aux responsabilités de la Direction de la santé mentale. Notons cependant que d’autres Directions au sein du MSSS ont également des responsabilités à l’égard de la santé mentale. »

En conclusion
Nous aurions aimé qu'il y ait un peu plus de substance autour de la phrase suivante. « Le partenariat entre les différents acteurs semble de nouveau en équilibre, ce qui est un atout précieux pour l’avenir de l’organisation des services en santé mentale. » Si équilibre il y a, il nous apparaît plutôt fragile pour l'instant pour les liens entre le milieu communautaire et la première, la deuxième ligne et les services surspécialisés.

Parmi les limites exprimées à propos de cette démarche évaluative, il est écrit clairement que la démarche « se limite à estimer l’implantation des mesures inscrites à l’intérieur du PASM, elle ne cherche pas à améliorer la connaissance théorique sur l’organisation des services en santé mentale. »  Elle ne présente pas non plus les résultats obtenus jusqu'à maintenant pour les choix qui ont été faits dans la création du PASM. Le document souligne que « Les mécanismes de suivi de gestion prévus à l’intérieur du PASM, notamment les cibles et les indicateurs, n’ont pas été utilisés en raison de différentes limites en termes de pertinence, de collecte et de validité des données. » Ce qui pose la question suivante : sommes-nous toujours sur la bonne voie pour doter le Québec d’un système efficient de santé mentale? Le rapport intitulé Pour plus d’équité et de résultats en santé mentale au Québec et les nombreux documents du Commissaire à la santé et au bien-être donnent des pistes et des réponses. (Voir aussi notre article sur le sujet.)