CHEZ SOI : NOUS SOMMES INQUIETS

Retour à la rue?

Le retour à la rue pour une bonne part des 280 personnes actuellement logées dans le cadre du projet de recherche Chez Soi (pour en savoir plus)? L'inquiétude grandit à l'approche de l'échéance budgétaire du 31 mars 2013.

Rappelons que le projet de recherche voulait faire la démonstration d'une approche basée sur le fait d'offrir à des personnes itinérantes vivant des troubles importants de santé mentale la possibilité de louer un appartement de leur choix, dans le quartier qu'ils souhaitaient, en leur donnant un important appui financier pour le loyer et en leur offrant un suivi social et médical pendant quelques années se terminant en mars 2013. Cette échéance sans filet a été une des critiques majeures (et justifiée!) des détracteurs du projet. Une des raisons qui a motivé le RACOR à maintenir sa participation au comité-conseil de Chez Soi était de suivre le cours des événements pour nous assurer que ces personnes itinérantes ne soient pas abandonnées pour des raisons administratives.

À l'automne 2012, les membres du comité-conseil ont été informés qu'un plan de transition avait été préparé pour chacune des personnes afin de s'assurer qu'un suivi intensif, un suivi d'intensité variable ou une autre forme de suivi puisse être mis en place avec des organismes communautaires et des établissements du réseau de la santé si les équipes de Chez Soi devaient être dissoutes.

Au cours de l'année 2012, les responsables du projet ont fait de nombreuses démarches auprès des différents niveaux de gouvernements afin de prolonger et d'envisager pérenniser Chez Soi. Les relations provinciales-fédérales, le changement de gouvernement au provincial et la situation économique du Québec ont compliqué les échanges.

Dans un article de Radio-Canada du 5 décembre dernier intitulé « Itinérance : le projet At Home/Chez soi reconduit pour un an », on peut lire cette déclaration du ministre québécois de la Santé du Québec, Réjean Hébert : « J'ai écrit à la ministre (fédérale de la Santé, Leona Aglukkaq) qui m'a répondu qu'il y aurait un financement pour la prochaine année, et ça nous donnera un peu de temps pour voir comment on peut assurer la suite d'un projet qui fonctionne très bien. »

Pour vous donner un ordre de grandeur, il faut 45 $ par jour par personne, soit 4,6 millions par année, pour maintenir le supplément au loyer, les trois équipes d'intervention et l'équipe de logements en place.

Au moment d'écrire ces lignes en fin de janvier 2013, il n'y a eu aucune annonce détaillant les montants qui transiteront du fédéral selon l'entente évoquée par Réjean Hébert et de ce qui sera couvert par cette entente. Les principales organisations concernées ne savent toujours pas, à deux mois de l'échéance, avec quels délais ils devront travailler!

Elles ne savent pas non plus dans quel sens elles devront planifier leurs interventions. Est-ce que ce sera le maintien des équipes actuelles (peu probable), une transition vers des services existants ou la création d'une nouvelle organisation? Cette dernière hypothèse est en lien avec un gros projet à portée régionale présentée à l'Agence de Montréal, au printemps 2012, par le CHUM, le CSSS Jeanne-Mance, Diogène et les grands refuges afin de créer des équipes de services médicaux en santé physique et mentale spécialisées pour intervenir auprès des personnes itinérantes et qui seraient en partie localisées à proximité ou dans des locaux réunissant des personnes en situation d'itinérance.

Quelles que soient les décisions politiques et ministérielles, nous espérons vivement qu'elles soient rapidement connues, car, dans la tension de l'attente, les personnes concernées réagissent. Si plusieurs gardent confiance tout en étant inquiets, d'autres vivent avec « J'abandonne avant d'être abandonné » et « Tant qu'à tout perdre, je fais la grosse fête ». Combien vont de nouveau se retrouver à la rue si l'indécision se prolonge?